Portrait | Entrepreneuriat / Innovation

Ils font l'histoire #5 - Maria del Carmen Santiago Quiroga, Lighthearted

Le 10 février 2021

Entre les doctrines tendances et les conseils miracles, le coaching est de ces univers en perpétuel expansion. Et pour ne pas ajouter à la souffrance au travail, la recherche hasardeuse d’une aide dans un secteur jamais à cours de trouvailles, Maria rassemble les solutions ad hoc au sein d’un centre de ressources numérique à la clarté sans équivoque.

Entre les doctrines tendances et les conseils miracles, le coaching est de ces univers en perpétuel expansion. Et pour ne pas ajouter à la souffrance au travail, la recherche hasardeuse d’une aide dans un secteur jamais à cours de trouvailles, Maria rassemble les solutions ad hoc au sein d’un centre de ressources numérique à la clarté sans équivoque :

« Mon concept se consacre à l’accompagnement d’entreprises et à la prévention du stress afin de détecter les signes du burn-out. » Lighthearted résume ainsi tout ce que la dirigeante a digéré d’études, d’aptitudes et de formations à travers le monde ; après un cursus en commerce et un DEA en gestion à Genève, la native de Colombie enquilla les déménagements en Inde à la découverte d’une médecine traditionnelle, les années diplômantes en intelligence émotionnelle à Barcelone, et les initiations aux fleurs de Bach en terres francophones. Une propension à « partir dans tous les sens » inscrite dans son essence, et que Maria dut combattre en s’imposant un cadre pour réussir le grand saut de l’entrepreneuriat.

 

Les délais, les rendus, et les objectifs ; le ciblage des relais, les sommes dues et l’administratif ; il fallait bien l’incubateur Manufactory pour que « l’éparpillée » balise ses journées manu militari : « Au début, on porte tellement de casquettes ! C’est sûr que débarquer en atelier de codéveloppement, ce n’est pas rien ! Ici, je m’organise, j’avance et je prends part à cette dynamique permanente. Même si j’ai bien conscience qu’elles sont nécessaires, mes mentors m’aident à accepter les ambitions de vente. Quand j’ai intégré le programme, mon offre n’était d’ailleurs pas complète, je ne connaissais même pas ma valeur ajoutée. J’ai acquis ici une respectabilité, qui facilite le contact avec des potentiels partenaires. Ma fille est très fière de me voir créer avec autant de passion, à la quarantaine passée, entourée de porteurs de projets qui ont son âge ! » La résilience avait déjà trouvé une bonne résonnance dans le cheminement de Maria, elle qui arriva en France sous le statut de réfugiée politique, contrainte de réinventer sa vie pour avoir défendu celle des autres – « avec ma mère, nous avons monté une structure qui promeut les Droits de l’Homme en Colombie. Recevoir des menaces récurrentes m’a poussée à partir il y a plus d’une décennie. Je n’y suis pas retourné depuis. Lorsque je suis arrivée à Lyon, la ville était belle mais ma situation pas des meilleures. Je ne peux qu’être reconnaissante envers ce pays, et particulièrement envers les associations de la région grâce auxquelles je m’en suis sortie. »

 

Celle qui avait entamé sa carrière en documentant des cas d’exactions percutants, et qui la poursuivit en soutenant des militants persécutés, mit un certain temps à passer des responsabilités de son ONG à celles d’apprentie PDG. La représentante permanente à l’ONU transforma sa fuite forcée en une suite sensée : s’engager dans l’accompagnement personnel comme coach indépendante – « même si je nourris l’idée de créer Lighthearted depuis longtemps, il fallait que j’appréhende, en tant que freelance, la société française et les subtilités de la langue, avant de monter mon entreprise dans le coaching. Je me suis imprégnée et lancée à force de recueillir des témoignages, même si ce fut long pour réunir deux parties en moi qui sont comme l’huile et l’eau ! » Dix ans à mettre son écoute au service des doutes, des managers en perte de repères, et des salariés que leur poste désespère, l’auront convaincue de bâtir un « outil avec plus d’impact » et de tout redémarrer. L’obstinée est toujours prête à faire entrer un rond dans un carré – « si je pense que ça peut passer, je ferai tout pour que ça passe. »

 

Elle pista un prix et une bourse de La French Tech, et par ce tremplin se hissa jusqu’aux portes de l’incubateur Manufactory sans l’ombre d’un échec. Là, elle put développer sa marque, ses codes, le logo et le BP, tester, structurer, pivoter et finaliser un concept d’abonnement ouvrant droit à en apprendre sur soi, par une manne d’informations, des heures d’entretiens, d’ateliers et de formations : « Il n’y a rien de plus épanouissant que de se lever le matin avec la volonté d’agir. Et j’ai de grands rêves en la matière ! Au-delà de prouver qu’il est possible d’entreprendre à tous les niveaux, même lorsqu’on est dans une situation difficile, je voudrais embaucher des coachs qui ont chacun leur spécialité, de l’art thérapie à la naturopathie, puis développer une plateforme pour la prise de rendez-vous avec le client. Monter une équipe vouée à soulager la souffrance au travail. » Depuis qu’elle est entourée, Maria fait connaître le portail de soins de Lighthearted et son approche holistique par un enthousiasme qui inonde sa stylistique ; la coach continue de se laisser coacher au sein d’un parcours d’accompagnement qu’elle considère comme le garde-fou de ses avancées, de cette ardeur fléchée vers l’urgence de rendre les cœurs légers.

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Un portrait réalisé par Trafalgar, Maison de Portraits