Portrait | Entrepreneuriat / Innovation

Ils font l'histoire #3 - Taha Zemmouri, DataGenius

Le 6 janvier 2021

À l’époque où le Big Data perd de sa brillance face à l’accroissement de la surveillance, à l’époque où les infractions à la RGPD font du tapage pour raison de traçage, Taha fonde sa prédilection dans cette science de la prédiction, démontrant que l’exploitation des données n’est pas à abandonner.

À l’époque où le Big Data perd de sa brillance face à l’accroissement de la surveillance, à l’époque où les infractions à la RGPD font du tapage pour raison de traçage, Taha fonde sa prédilection dans cette science de la prédiction, démontrant que l’exploitation des données n’est pas à abandonner :

«
C’est un secteur assez émergent : moi-même, je suis étonné de ce qu’il se fait et se fera bientôt sur le marché ! » En plus d’interpréter des masses de relevés qui auraient de quoi défriser Champollion, l’entreprise DataGenius qu’il copilote en stéréo avec Samy, son CTO, emploie les merveilles des algorithmes pour pousser l’analyse et faire jaillir la vérité des documents : le groupe Servier, les laboratoires outre-rhin Merck et même la Caisse des Dépôts comptent d’ores et déjà parmi les marques de confiance – « c’est marrant de bosser pour eux, sur des sujets aussi sensibles ! » Si le diplômé de l’EM Lyon et des Mines Saint-Étienne en fait autant d’heureuses, c’est qu’il a lui-même un duel à régler avec la grande trotteuse ; Taha est de ces entrepreneurs précoces dont les prémices s’esquissaient déjà quand il était gosse : « Dès que j’ai su faire une soustraction, j’ai dit à mes parents “il me reste tant de temps à vivre”. Un peu bizarre quand on a huit ans, mais j’ai considéré que monter ma boîte était le meilleur moyen de dépenser ce “crédit d’heures” qu’on a tous ! »

Les jours de gloire de la PlayStation Portable furent ainsi piratés – « on disaitjailbreakés! » – avec son frangin durant les années collège et lycée, prouvant qu’on peut faire fructifier ses neurones hors d’une vallée en silicone. Une appétence qui prit du coffre et multiplia les offres en école : bracelet sonnant l’alerte en cas de pépin dont Taha conserve encore un prototype, programme permettant aux éternels solitaires de jouer au laser tag ou au bowling en équipe, et surtout ce stage dans l’agence de communication digitale Geolid, où son projet de création se consolide – « c’est là-bas que j’ai commencé l’analyse de données. Comme ils ont une trajectoire similaire à la mienne, voir les fondateurs à l’œuvre m’a convaincu que c’était jouable ! Entreprendre, c’est d’abord tenter un truc ! J’aurais pu faire moins casse-tête, mais je suis arrivé là où on ne m’attendait pas forcément.  »

Lorsque l’occasion se présenta de partager connaissances et retours d’expérience, Taha profita autant du YouTube vulgarisateur que des rétrospectives organisées par Beelys pour les entrepreneurs : « J’aime beaucoup le proverbe arabe “le sage est celui qui apprend des erreurs d’autrui” ! J’ai énormément de respect pour les gens qui ont pris des risques, qui ont conscience de leurs limites et témoignent de leur recul. L’entrepreneuriat, selon moi, c’est avant tout une capacité à encaisser les coups ; tout le monde n’y trouvera pas son épanouissement. Recrutements, départs, négos serrées… on a vécu des galères qui nous ont tanné le cuir. » Les aides du territoire rhônalpin donnèrent un nouvel élan à Taha : financer un voyage de plusieurs semaines, enjamber l’océan pour faire sauter le verrou mental d’un développement soi-disant impossible à l’international, taquiner le Québec et s’étonner d’être à ce point sorti de son périmètre initial – « le tout premier client de notre logiciel AI Compare est une boîte irlandaise. Je n’aurais jamais pensé vendre en dehors de la France ! »

À leur tour, DataGenius et ses « espèces de sang-froid » contribuent au technopôle ; maintenant que le dirigeant a bouclé son parcours d’étudiant entrepreneur et les trois premières années d’activité qu’il surnomme « Master spécialisé », l’heure est à une expansion qu’il envisage toujours aussi fidèle à sa région : « Je recommande ce dispositif à plein de copains. Il brise la solitude de l’entrepreneur ; c’est vrai qu’à des moments, on s’est sentis seuls. Ma boîte idéale, je la vois avec l’embauche de trente à quarante collaborateurs, mais dans la même ville. On connaît tous les acteurs locaux, Lyon Data Science, Lyon-iS-Ai… On est très ancrés dans le réseau et tenons à ajouter notre petite brique à l’édifice. » Adepte d’une rationalité qui le prédispose à rebattre les cartes, dépositaire d’un esprit sportif, le data scientist reste à l’affût du prochain frémissement opportun : « Il y a une part de poker menteur dans l’analyse des non-dits, dans les paris sur tel axe de développement, tel salon… En tant que joueur de volley, j’ai gardé cette philosophie de saluer la beauté du jeu, y compris quand il vient de l’adversaire ! L’entrepreneuriat, ça reste un jeu, donc je fais tout pour m’amuser. Maintenant, on est assez costauds sur nos appuis ! » Parce qu’il sait que si tout est donnée, rien n’est acquis, Taha se lance dans le ciel de l’intelligence artificielle avec la ferme ambition de s’y tailler un terrain conquis.

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Un portrait réalisé par Trafalgar, Maison de Portraits